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Se moquer du parent dans le corridor

Ça n’arrive pas dans tous les cas, mais c’est arrivé suffisamment souvent pour que j’en parle, dans mes propres dossiers et dans les dossiers d’autres avocats dont les clients sont venus me voir en consultation.

La DPJ a le rôle de soutenir les familles et de veiller au meilleur intérêt des enfants.

De quel soutien je parle?

  • L’article 8 de la Loi sur la protection de la jeunesse : « L’enfant et ses parents ont le droit de recevoir des services de santé et des services sociaux adéquats sur les plans à la fois scientifique, humain et social, avec continuité, de façon personnalisée et avec l’intensité requise, en tenant compte des dispositions législatives et réglementaires relatives à l’organisation et au fonctionnement de l’établissement qui dispense ces services ainsi que des ressources humaines, matérielles et financières dont il dispose.»
  • Les ordonnances du tribunal portant sur l’aide, conseil et assistance à la famille : la plupart des ordonnances, si pas toutes, comportent des conclusions d’aide, de conseil et d’assistance à la famille par la DPJ.


Cela dit, je suis toujours sous le choc lorsque je surprends, dans les corridors du Palais de justice, les intervenants de la DPJ se moquer de mon ou de ma cliente, entre eux, devant leur avocat, devant l’autre parent ou devant l’avocat des enfants. J’entends des paroles diminutives pleines de jugements et de stigmas. Je me sens comme lorsque j’étais à l’école secondaire et qu’un groupe de mean girls s’alliait contre une victime. La dynamique me rappelle celle du film Mean Girls, d’où la référence. Non seulement je suis sur le choc, mais encore, le cœur me pince à chaque fois. Au lieu de tendre la main à maman ou à papa pour lui offrir l’aide dont il a besoin, on se contente de le juger dans le corridor, de s’en moquer en racontant des anecdotes sur celui-ci et en riant ensuite. Ces actions ne sont pas bienveillantes et contraires à l’esprit de la Loi sur la protection de la jeunesse. Quand la pause dans le corridor se termine, c’est le retour en salle de cour, pour émettre reproche par-dessus reproche contre le parent, trop souvent sans nuancer et sans dévoiler les faits en entier au tribunal, comme si l’information avait été présélectionnée pour que le dossier ait gain de cause en faveur de la DPJ. Néanmoins, mon travail est de présenter l’autre côté de la médaille au tribunal. Il arrive que le ou la juge écarquille les yeux très grands lorsqu’il apprend ce que la DPJ ne lui avait pas dit… On est là pour témoigner, nous aussi, et pour faire une preuve, nous aussi.

Enfin, ce billet de blogue ne vise pas les bons intervenants DPJ, travaillants, bienveillants, dévoués et passionnés. À vous, l’on vous dit mille mercis.

Auteur : Maître Vivan Nguyen, avocate en protection de la jeunesse et droit familial desservant les districts judiciaires de Montréal, Laval et Longueuil

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